Cher journal...
Aujourd’hui est un jour comme les autres. Réveil à 6h30 après une longue nuit
de tétées et de coupures de sommeil, préparation personnelle en un quart
d’heure chrono et préparation de ma fille pour la déposer chez sa mémé.
D’habitude, ma journée est très quelconque. Après une longue journée de travail
(en tant que stagiaire), nous rentrons tout fatigués, mon mari et moi, rejoindre
notre petite chipie et suivre le rituel de chaque soir : jeux, dîner, bain
et dodo.
Mais aujourd’hui et depuis presque un mois déjà, il s’est passé une
chose extraordinaire dans ma vie de maman super débordée et se sentant toujours
super coupable : j’ai décidé de prendre du temps pour moi !!
Après presque 9
mois passés à la maison pendant ma grossesse afin de mieux en profiter et
histoire de ne pas trop me fatiguer (je venais de réussir à mon mémoire de fin
d’étude et étais supposée commencer mon stage professionnel), j’ai décidé de
rester encore le temps qu’il fallait avec mon bébé à la maison après mon
accouchement.
Peu à peu, malgré ma joie d’avoir ma petite chérie à mes côtés et
de la voir grandir de jour en jour, je commençais à me lasser voire à déprimer
de ma sédentarité. En effet, la femme active que j’avais toujours été (bon je
n’étais pas non plus wonder-woman ou Angela Merkel) commençait à très mal vivre
son manque de temps et sa nouvelle routine de femme aux fourneaux. Je ne veux
absolument pas dire par là qu’être femme au foyer est rabaissant, loin de là,
puisque je considère que ce travail à plein temps est le plus difficile et le
plus endurant du monde, mais seulement que le fait de rester à la maison me
laissait tourner en rond toute la journée, ne trouvant le temps de m’occuper
que de la cuisine une fois que ma fille faisait sa sieste (c'est-à-dire presque
jamais).
Avec le passage des jours, des semaines et des mois qui étaient pour
moi interminables, je me voyais faner, ne plus avoir aucune féminité avec ces
joggings de maison qui ne me quittaient plus et me lasser de moi-même, de ma
vie, de ma famille et des personnes que j’aimais le plus au monde, encore et
encore. J’avais pourtant CHOISI de garder moi-même ma fille à la maison, parce
que cette petite chérie, je l’avais tant attendue et désirée lorsque j’étais
enceinte. Il était de mon devoir, autant que mère qui avait fait le choix
d’avoir son enfant, de lui donner tout mon temps et de veiller à ce qu’elle
soit la plus épanouie possible. Tous ces mois d’attention et de garde à la
maison, je ne les regrette aujourd’hui pas du tout, car je les vois aujourd’hui
porter leurs fruit mais c’est moi qui ais le plus « souffert » de cet
oubli de la personne que j’étais.
En effet, j’avais oublié la femme que je
représentais, j’avais oublié mes résolutions, mes objectifs, mes passions, ma coquetterie
féminine et bien d’autres traits de ma personnalité. Je me suis vraiment
oubliée. Je devenais très nerveuse à l’idée de ne pas bien faire les choses
avec ma fille. Je me souciais pour elle de tout, au point d’en arriver à me
rendre malade pour une simple tâche mal accomplie. Sans vous parler de ces
remarques extérieures de la part de quelques personnes de notre entourage qui
me tuaient à chaque fois à petit feu dans mon fort intérieur. Autant vous dire
que les choses me dépassaient et que ce mode de vie devenait insupportable même
pour mon couple.
A un moment donné, en voyant que je perdais petit à petit goût
à la vie et que j’étais sur mes nerfs même avec ma fille, je compris qu’en
voulant bien faire, je faisais absolument fausse-route. Sacrifier ce qu’on est,
avec tout ce que cela comporte, pour s’occuper des autres même si c’était les
personnes les plus proches à mon cœur, était une très très mauvaise idée.
Entre-temps, une fois les 9 mois de ma fille atteints, la diversification
alimentaire mise en place et les tétées diminuées, mon mari et ma maman m’ont
encouragée à passer mon stage obligatoire afin de finir mes études et obtenir
mon diplôme. A ce moment là, maman était en congé pour trois mois de vacances
scolaires d’été et mon futur boulot n’exigeait ma présence que pour la moitié
de la journée. « ZE best timing » pour sauter le pas quoi !
Malgré le trop plein de culpabilité et d’incertitude que je ressentais, je ne vous raconte pas ma joie folle et immense
de pouvoir à nouveau remettre mes jeans/baskets (oui je sais, ce n’est pas
encore le top du glamour) pour aller bosser chaque matin. En plus, j’y allais
avec mon mari, donc on gagnait cette heure et demi d’aller-retour à passer en
tête à tête chaque jour, ce qui était un vrai exploit dans notre vie de
parents. Je redécouvrais les joies des conversations entre adultes et le
plaisir du travail. Je redevenais petit à petit la MOI d’avant. Cette nouvelle
routine plus amusante faisait naître en moi de nouveaux objectifs, l’objectif
de retrouver mon corps de jeune fille, l’objectif de réaliser au moins un de mes
rêves même en jouant mon rôle de maman, l’objectif d’améliorer ma vie
matrimoniale et de la rendre plus forte que jamais et enfin l’objectif d’être
la meilleure version de moi-même pour le bonheur de ma fille, de mon mari et de
ma famille. C’est alors que je me suis entretenue avec mon mari pour mettre au
point un emploi du temps type afin de partager les tâches de la maison
équitablement tout au long de la semaine. Nous avons donc mis au point un
système de division des journées avec pour chacun, une journée sur deux de
repos ou d’après-midi libre. Ainsi, je me disais que j’avais au moins un
après-midi sur deux à MOI, où j’étais libre de mon temps et de mon corps, ce
qui m’a permis de m’inscrire dans une salle de sport pour mieux m’aider à
perdre mes kilos de grossesse en trop. Les journées du week-end étaient exclusivement
consacrées à notre fille et à nos familles. Et pour ne pas oublier notre couple
qui avait lui aussi un droit sur nous deux, on s’était promis d’avoir au moins
une sortie en amoureux toutes les deux semaines pour papoter de tout et de rien
ou juste pour apprécier le silence à deux.
Aujourd’hui en y repensant, je
remarque les effets incroyables que cette répartition du temps a eu sur moi.
J’étais plus en forme, plus motivée pour faire les choses, plus calme et
j’étais à chaque fois on ne peut plus impatiente et heureuse de retrouver ma
fille à la fin de la journée. Elle me manque certes terriblement et la
culpabilité est devenue mon parasite perpétuel mais je sais que je fais tout
ceci avant tout pour elle, pour être la meilleure maman possible pour elle et
agir de la façon la plus sereine possible avec elle. Après tout, dans quelques
mois, quand mon stage aura pris fin, je reviendrais à mon rôle de femme au
foyer et je penserais à mon avenir professionnel selon les conditions du moment
mais j’aurais toujours cet après-midi sur deux pour en faire ce que bon me
semble.
On ne doit jamais oublier que toute la famille repose toujours sur la
maman et qu’une maman épanouie engendre des enfants épanouis et une vie familiale épanouissante. Oui je suis un
peu égoïste de prendre du temps pour moi, mais ce n’est que pour le bonheur de ma famille finalement.
Emna, with love.